Un homme sur la plage – Jennifer Johnston

The railway station man, 1989. Traduit par Sophie Foltz. Les Belles lettres, 1991 – Réédition : Le serpent à plumes, coll. Motifs, 2000 ; 309 p.

★★★★★★★★☆☆

Mon avis :

Années 80, un petit village sur la côte du Donegal, au nord-ouest de l’Irlande. Helen peint. Elle vit ici depuis quelques années, depuis que son mari a été tué par balles à Derry par erreur, parce qu’il se tenait près d’un policier. Son fils Jack est aujourd’hui étudiant à Dublin, il vient peu la voir, ils ne se comprennent pas. Roger est anglais, il a perdu un bras et un œil pendant la seconde guerre mondiale. Il vient de racheter l’ancienne gare du village, désaffectée depuis des lustres, et la retape avec Damian, un jeune gars du coin.

Helen et Roger… Deux existences cabossées, deux solitudes aux aspérités saillantes, peuvent-elles un jour en venir à s’apprivoiser ?

J’aime comment Jennifer Johnston met en place une ambiance, esquisse lentement ses personnages et les incarne chacun dans leurs contradictions et leurs non-dits. Son écriture est fine et suggestive, et la construction du roman habile. Quelques bribes de passé laissent deviner nexus, pertes et secrets, les relations se révèlent touchantes entre les êtres, et une tension monte. En Irlande dans les années quatre-vingt, la violence n’est jamais tapie bien loin.

« Je voulais la mer pour moi toute seule, là, emprisonnée. Printemps, été, automne, hiver, pouvoir la regarder changer. Matin et soir, isolée de sa réalité. Craquements, fracas, éclats de tessons et d’éclisses en colère. Vent violent labourant ses sillons dans des eaux profondes et d’un gris transparent. Je peux contempler. Je sais que ma solitude est là dans cette contemplation. »

A une époque, bien avant le blog, j’ai lu plusieurs romans de Jennifer Johnston : La Femme qui court, Les Ombres sur la Peau, Un Noël blanc, Petite musique des adieux, Ceci n’est pas un roman et plus récemment Un Noël en Famille, que j’avais moins apprécié [ma chronique est là]. C’est une autrice que j’aime vraiment beaucoup. Je trouve sa voix à mi-chemin entre celles de Maggie O’Farrell et d’Anne Enright. Un homme sur la plage est un bon cru (mais alors pardon, le titre en français est naze), ça m’a vraiment fait très plaisir de retrouver sa plume particulière. Il me reste encore quelques titres d’elle à découvrir, je le ferai je pense sans trop tarder.

  12 comments for “Un homme sur la plage – Jennifer Johnston

  1. 9 novembre 2022 à 8 h 32 min

    Je ne connais pas l’autrice mais tu m’intrigues 🙂

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  2. 9 novembre 2022 à 9 h 41 min

    Je pensais la même chose du « titre » (par rapport au titre original) – sans pour autant pouvoir juger des liens sous-jacents entre titre et contenu. Merci pour cette lettre d’Irlande

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    • 13 novembre 2022 à 18 h 19 min

      Avec plaisir ! L’homme de la gare (le titre) est un personnage principal, et Un homme sur la plage le titre d’un tableau de Helen, mettant en scène un autre personnage, mais secondaire ! Donc ni la traduction ni ce qu’elle représente ne tient la route deux secondes, hélas ! Heureusement le texte du livre en lui-même est très bon 😊

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  3. 13 novembre 2022 à 16 h 31 min

    J’aime beaucoup cette romancière aussi, j’en ai lu plusieurs il y a plusieurs années, il doit – heureusement – m’en rester un à lire dans la pile.

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  4. 8 janvier 2023 à 16 h 40 min

    Je la note, et avec ce titre.

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