Devenir quelqu’un – Willy Vlautin

Don’t skip out on me, 2018. Traduit de l’Anglais (États-Unis) par Hélène Fournier. Éditions Albin Michel coll. Terres d’Amérique, février 2021 ; 304 p.

Mon avis :

Horace est un gars travailleur, reconnaissant, fidèle. C’est un type bien ; sauf à ses propres yeux. Horace est abîmé. Métis d’Irlandais et d’Indien Païute, il a été très jeune abandonné par son père puis par sa mère, qui a refait sa vie et dont Horace semble avoir encombré le nouveau mari. Elle l’a confié à sa grand-mère, qui boit de la bière dès 11 heures du matin et a peur des Noirs, des Mexicains et des Indiens. Le pauvre gamin. A quatorze ans il rencontre les Reese, Eldon et Louise, un couple âgé qui élève des moutons sur un ranch dans le Nevada. Le courant passe tout de suite entre ces trois-là : les Reese recueillent Horace et deviennent comme sa famille.

Au début du roman, Horace a la vingtaine et il veut Devenir quelqu’un. Il ne peut pas simplement continuer comme ça, il faut qu’il arrive à briller à ses propres yeux. Alors seulement il pourra envisager de reprendre pied dans une vie normale, et revenir au ranch. Passionné de boxe, il jette son dévolu sur ce sport et décide de devenir champion. Les Reese sont très inquiets de ce départ et lui proposent de reprendre le ranch, mais Horace ne peut pas ne pas partir. Un matin, il les quitte et prend le car pour Tucson, Arizona.

Ce roman, c’est le quotidien d’Horace. Le ranch, la boxe, Tucson, les entraînements, les combats. Les coups, la solitude, la chaleur, la peur, les victoires, la douleur. Ce roman, c’est aussi les Reese, Eldon et Louise et leur vie au ranch, le gardien de moutons à ravitailler dans les montagnes, le tracteur à réparer. Ils m’ont tellement touchée.

Les chapitres alternent entre Horace et les Reese et le roman prend corps, le style est simple, sans chichis, qui laisse toute la place à l’humanité et l’émotion. Willy Vlautin a construit un roman poignant et pudique. Devenir quelqu’un se tient sur une certaine ligne de crête, sans jamais déraper ni faiblir. Le lecteur retient souvent son souffle, là ça va lâcher, là… mais non, ni mièvre et jamais sordide ; Devenir quelqu’un est beau et juste, triste et touchant. Bouleversant. Un coup de coeur !

« C’est épuisant de passer son temps à se haïr et à essayer d’être ce que l’on n’est pas. Ça laisse des traces. »

Un grand merci à Marie-Claude du blog Hop! sous la couette pour la découverte de cet auteur. Devenir quelqu’un étant son cinquième roman, chic, il m’en reste encore quatre à lire !

  5 comments for “Devenir quelqu’un – Willy Vlautin

  1. 13 septembre 2021 à 21 h 23 min

    Tu comprends mieux, maintenant, pourquoi je raffole à ce point de Willy?! Une telle sensibilité…!

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  2. 15 septembre 2021 à 22 h 58 min

    J’ai beaucoup aimé ce livre. Il m’a bouleversé.
    Merci Hélène, bonne soirée. 🙏💙

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  3. 22 septembre 2021 à 18 h 21 min

    Je te rejoins totalement Hélène. J’en ai parlé aussi sur mon blog et j’ai trouvé ce roman d’une émotion rare. L’histoire est poignante, magnifiquement écrite, c’est un énorme coup de cœur. Merci Hélène pour ce partage. Bises bretonnes ensoleillées 🙂🌞

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