Le grand Marin – Catherine Poulain

Editions de l’Olivier, février 2016 ; réédité en poche aux éditions Points en avril 2017.

Ma chronique :

Le grand Marin est un livre impressionnant. Un cri de liberté, voyage fascinant inspiré par la vie de l’auteure et les dix années qu’elle a passées à pêcher en Alaska, seule femme embarquée parmi des colosses bourrus. On a presque l’impression de lire du Jim Harrison ou du Jack London. L’écriture de Catherine Poulain est habitée, sauvage et intense comme son héroïne, d’une poésie permettant de saisir la beauté des éléments, mais aussi d’entrevoir le brasier qui irradie au cœur de l’humain.

Le grand Marin est ce genre de livre où, quand tu lis un passage que tu veux noter, tu es tellement pris par ta lecture que dix pages ont passé quand tu arrives enfin à saisir ton stylo. Lili a fui la France à vingt ans, sa famille aisée du bordelais viticole et une existence confortable, pour étancher sa soif d’absolu et de liberté. « J’ai peur des maisons, des murs, des enfants des autres, du bonheur des gens beaux et qui ont de l’argent », « Etre une petite femelle, c’est pas pour moi ». Elle a un rêve, s’embarquer sur des chalutiers en Alaska et pêcher sur les mers les plus difficiles du monde. Quand elle arrive à Kodiak, petit bout de femme à la volonté sidérante, elle va réussir à trouver une place, tout d’abord sur le Rebel.

Et alors elle va pêcher, et nous avec elle. La morue, le flétan, le crabe, durant des journées entières passées en mer avec l’humidité, la fatigue, la peur, le sel qui ronge les blessures, les tempêtes et les éléments, dormir par terre et le lendemain recommencer, toujours plus, toujours mieux. Elle va gagner le respect des hommes, qui vont l’adopter et dès lors elle partagera leurs existences, à part entière, pendant dix ans. Des hommes transfigurés par la mer ; mais dont parfois la peau de demi-dieu de légende finit rongée par l’alcool et les rêves brisés, à terre au coin d’un bar.

Cette lecture vivifiante montre une humanité que l’on n’a pas souvent l’occasion de croiser. Et ça vaut vraiment le détour.

« Je suis sortie sur le pont. Le vent claque dans les câbles. La mer vient s’écraser sur le pont. L’odeur du grand large. Humer l’air comme un cheval, jusqu’à l’étourdissement, le corps durci par le froid. La vague est en moi. J’ai retrouvé la cadence, le rythme des poussées profondes qui passent de la mer au bateau, du bateau vers moi. Elles remontent dans mes jambes, roulent dans mes reins. L’amour peut-être. Etre le cheval et celui qui le chevauche. La pêche va reprendre dès demain. »

Ce livre étant resté plus de dix mois dans ma Pile à Lire avant lecture, cette chronique me permet de participer à la session estivale de l’Objectif PAL d’Antigone.

  13 comments for “Le grand Marin – Catherine Poulain

  1. 10 août 2017 à 12 h 58 min

    j’ai vu passer des critiques enthousiastes sur babelio, mais j’ai un problème avec les romans centrés sur la mer (comme les films d’ailleurs) donc j’hésite!!!

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    • 18 août 2017 à 11 h 48 min

      Ha oui du coup ce sera peut-être compliqué pour toi de le lire ! Parce qu’en plus là on est vraiment dans les embruns et la houle jusqu’au cou !

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  2. 10 août 2017 à 21 h 13 min

    Je vais me le procurer très vite…. merci à ma « conseillère » lecture 📚

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  3. 16 août 2017 à 15 h 39 min

    Je n’ai toujours pas lu ce titre, ce qui est assez dingue !! 😉

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  4. 24 août 2017 à 10 h 47 min

    Quand j’ai commencé le livre je m’attendais à ressentir la même chose que toi, et puis finalement non, je crois que je suis complètement passée à côté de cette lecture!

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  5. 31 août 2017 à 21 h 06 min

    J’ai rencontré l’auteur, elle est tellement proche de son personnage !

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