Montmartre, gens et légendes – Jean-Paul Caracalla

Bordas, 1995 ; réédition aux éditions de la Table ronde en 2007 puis en mai 2017, dans la collection « la petite Vermillon »

Ma chronique :

« Tout Montmartre dans votre poche » pourrait assez bien décrire ce livre. Petit de format, très joli de couverture, quand on l’ouvre ce sont quatre-vingt hectares qui se déploient soudain et prennent vie dans le temps, sous nos yeux de lecteurs captivés ; ceux du vrai Montmartre : « délimités à l’ouest et au nord par les rues Caulaincourt et Custine, à l’est par la rue Clignancourt, au sud par les boulevards de Clichy et de Rochechouart ».

La plume alerte et érudite de Jean-Paul Caracalla nous entraîne depuis le Moyen Age parmi les rues et les ruelles, du haut en bas de la Butte. Chaque recoin ici a ses histoires et ses visages, et il nous en fait part. Du Chat Noir au Moulin Rouge, du moulin de la galette à la Cigale en passant par le Sacré Coeur, on apprend comment ces lieux mythiques sont nés, se sont développés, qui y est passé. On visite les ateliers de Picasso et de Modigliani, on écoute Aristide Bruant haranguer et Utrillo se saouler. On croise Georges Clémenceau et Toulouse Lautrec, les clowns Footit et Chocolat, des rapins, Zola, Renoir, Chopin, Louise Michel, Mac Orlan, des lorettes… et tant d’autres ! (J’y ai même découvert le jeune anglo-irlandais George Moore, dont les « Confessions d’un jeune anglais » m’attendent sur mes étagères depuis un moment).

Montmartre, gens et légendes, ce sont des pages qui débordent d’histoires, de couleurs et de vie. Pour tous les amoureux de Paris et les curieux, voici un petit livre d’histoire savoureux et instructif, qui se lit comme un roman. Un grand merci aux éditions la Table ronde.

Extraits : 

« Dans la basse Butte, le jour appartient au petit peuple du XVIIIe arrondissement ; la nuit, à ceux de la fête et du plaisir, du surin et des passes furtives. »

« Montmartre est occupé par les Russes en 1814. C’est à eux que l’on doit le mot « bistro » pour désigner nos estaminets (bistro signifie « vite » en russe). les soldats, qui défilaient dans Paris, entraient furtivement dans les cafés en disant Bistro, vidaient leurs verres et rejoignaient promptement le gros de leur troupe. »

« Le sang des communards rend désormais Montmartre sacré aux révolutionnaires, comme la Butte le fut pour les bourgeois du Moyen-Age vénérant les martyrs chrétiens. »

L’auteur : 

Auteur de nombreux ouvrages sur Paris et sur les trains, Jean-Paul Caracalla, Président du Prix des Deux Magots, a travaillé durant quarante ans à la Compagnie internationale des wagons-lits. Il fut également directeur de La Revue des voyages puis de Connaissance des voyages. Depuis 2003, la Table Ronde a publié six ouvrages de lui, tous en Petite Vermillon : Champs-Élysées, une histoire ; Montmartre, Gens et légendes ; Montparnasse, L’âge d’or ; Saint-Germain-des-Prés ; Petite anthologie de la poésie ferroviaire et Vagabondages littéraires dans Paris.

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