2017 pour l’édition originale québécoise, Boréal ; août 2018 pour l’édition française, Delcourt littérature, 128 p.
Ma chronique (Rentrée automne 2018, 6) :
Au festival America le mois dernier, j’ai assisté – entre autre – à une conférence très intéressante sur les paysages canadiens. Trois auteurs étaient invités, Emma Hooper, D.W. Wilson et Lise Tremblay. Après avoir écouté leurs échanges pleins d’âme, j’ai vraiment eu envie de les lire. Je suis donc repartie les poches pleines des premiers romans d’Emma Hooper, Etta et Otto (et Russell et James) et de D.W. Wilson, Balistique, ainsi que du tout dernier paru en France de la québécoise Lise Tremblay, L’habitude des bêtes (avec en plus une charmante conversation lors d’une dédicace dans l’après-midi).
Grand bien m’a pris de vouloir découvrir ce court roman ! Je l’ai lu d’une traite, sous le charme. Dépaysant, pour moi qui ne connais pas le Québec. La vie dans un village reculé du nord, au bord d’un fjord (l’auteure est originaire de ce bout-là du monde), la montagne, les bois, les lacs, les orignaux, la vastitude. Le narrateur, quand il chassait, plus jeune, possédait un Beaver, un hydravion ! Diantre. Et la langue aussi, légère, ciselée, simple. Mais qu’est-ce qu’un rang, une pourvoirie (Google, mon ami) ? Et les dialogues, icitte. J’ai savouré.
Quelques mois dans la vie de Benoit, dentiste à la retraite, de son chien Dan et de ses voisins, Mina et Rémi, sur fond de querelles entre villageois et garde-chasses causées par une prolifération inhabituelle de loups, qui risque de nuire à la saison de chasse imminente. Le ton est juste de bout en bout du livre, les personnalités pleines et entières, l’histoire souvent touchante. Des réflexions sur les existences qui changent et les vies qui se transforment, sur la vieillesse et aussi la mort, mais sans rien de plombant. Cela m’a rappelé mon grand-père, qui parlait avec tranquillité et naturel de son futur emplacement au cimetière, carré 8, allée 9, et toi, c’est lequel déjà, à son voisin, entre la pluie et le beau temps. La mort c’est la vie, aussi. Et là on l’effleure et on y plonge. Dan, le chien, est vieux et malade et Benoit repense à sa vie d’avant.
Il fut un père et un mari exécrable et absent, égoïste mais généreux. Seuls comptaient son travail et ses loisirs, la chasse, la pêche. La bonne conscience de pourvoir avec largesse aux besoins de sa famille, pour mieux rester toujours plus loin des graves problèmes psychologiques de sa fille et de son couple qui, à force de se déliter, a fini par imploser. Benoit fut cet homme suffisant et arrogant, jusqu’au jour d’orage où un vieil indien lui mit un chiot dans les mains. Dan. « Un jour, on m’avait donné un chien et j’avais changé. » Il quitte les ors de la ville, vend son hydravion et s’installe dans son chalet, avec son chien. « Depuis que je vivais en permanence au chalet, j’avais peu de vie sociale. Je n’en souffrais pas. Le lac, la montagne me suffisaient. Je ne savais pas si mon monde s’était rétréci ou agrandi. »
Je n’en dis pas plus, sinon que L’habitude des bêtes est vraiment une heureuse découverte, merci le Festival America !
« J’avais été heureux, comblé et odieux. Je le savais. En vieillissant, je m’en suis rendu compte, mais il était trop tard. Je n’avais pas su être bon. La bonté m’est venue après, je ne peux pas dire quand exactement. »
Bien heureuse de lire un billet sur votre blogue d’une écrivaine québécoise. Quelle belle rencontre avec ces auteurs!
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Merci ! Ca m’a fait vraiment plaisir de découvrir cette voix particulière. Je lirai d’autres livres d’elle c’est certain. Et oui, cette rencontre fut extra 🙂
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Je suis ravie! J’ai beaucoup aimé ce roman, tant l’atmosphère, les personnages que le style.
J’avais beaucoup aimé également « Etta et Otto (et Russell et James) ». Un roman réconfortant, sans être gnan-gnan! Pour ce qui est de D.W. Wilson, « Balistique » a été un immense coup de coeur. Je viens de lire son recueil de nouvelles et la magie a opéré de nouveau.
Maintenant, question vocabulaire… un rang, c’est un chemin excentré du village. Il y a généralement plusieurs rangs qui partent du village. Il y a souvent des fermes dans un rang, ainsi que des champs cultivés. D’où le besoin d’espace! Une pourvoirie, c’est un lieu, souvent privé, où on peut chasser, mais surtout pêcher. On y loge généralement quelques jours.
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L’atmosphère, oui, absolument. As-tu lu d’autres romans de Lise Tremblay ? Merci pour l’explication de vocabulaire 😀 J’ai programmé pour très vite Balistique, je suis intriguée !
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je note sur livre dans ma PAL, belle soirée à toi 🙂
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ce livre pardon, ah les tablettes 😉
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Haha je connais ça ! Bonne fin de weekend à toi Frédéric, bises !
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Vous avez de belles chroniques !
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Merci ! Les vôtres ne sont pas mal non plus 😀
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