Killarney Blues – Colin O’Sullivan

Killarney Blues, 2013. Traduit de l’anglais (irlande) par Ludivine Bouton-Kelly. Paru aux éditions Rivages le 20 septembre 2017.

Ma chronique (rentrée d’automne 2017, 4) :

Je suis tombée sous le charme de ce beau roman sombre et mélancolique, porté par le souffle du blues. Tristesse, misères et souffrances dans un beau coin d’Irlande. A Killarney, Bernard Dunphy est jarvey, conducteur de calèche pour les touristes. Véritablement passionné de blues, il aime sa mère, sa jument Ninny et son « ami » d’enfance Jack ; mais surtout la belle Marian – elle, moins. Bernard, héros atypique et magnifique, est sans doute atteint du syndrome d’Asperger. Même avec une dent en moins et un éternel manteau noir un peu puant, il illumine véritablement ce roman. Talent.

L’écriture de Colin O’Sullivan est douce et inspirée, mais il n’hésite pas à glisser dans le brutal. Il écorne les clichés et les faux semblants et donne à voir derrière les miroirs, ces champs de bataille où certains se perdent, où les démons gagnent. Ce roman, plus qu’un rythme, a véritablement une âme. Le bluesman Robert Johnson n’a pas hésité à vendre la sienne au diable. Il en est question ici aussi, du diable, de la destinée. Personne, dans Killarney Blues, n’est tout à fait ce qu’il semble être.

Une très belle lecture, vraiment. En prise avec l’époque (« Le Tigre celtique est bien mort, sa carcasse en putréfaction enlisée dans les tourbières noires. A la place du tigre se trouve un chaton qui miaule, rachitique et nerveux, prêt à déféquer »), ces deux jours dans la vie de Killarney contiennent aussi le passé et de nombreuses autres vies, complexes et esquissées dans une narration en italique, des retours dans le temps, comme une ligne musicale différente, dont la voix prendrait à mesure une importance cruciale. Killarney Blues est un roman noir – mais pas que -, aux confins de l’amour, du désir et de la perte.

« Le blues parle de la souffrance. Et les irlandais en connaissent un rayon là-dessus. »

Un grand merci aux éditions Rivages pour ce partenariat.

  7 comments for “Killarney Blues – Colin O’Sullivan

  1. 23 septembre 2017 à 8 h 13 min

    Merci pour cette belle critique 😊 ce livre me plaît déjà 😉 bizh

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  2. 24 septembre 2017 à 16 h 05 min

    tu donnes envie de découvrir cet auteur. Merci pour ce beau partage, belle semaine à toi. Bises bretonnes 🙂 😉

    Aimé par 1 personne

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